Le Fort de Troyon fait partie du «rideau défensif des Hauts-de-Meuse» conçu par le Général Séré de Rivières, entre les places fortes de Toul et de Verdun. Comme ses proches voisins, les forts de Génicourt, des Paroches et du Camp des Romains, il avait pour mission de protéger la vallée de La Meuse. Ce fort fut construit en moins de vingt mois, entre 1878 et 1879. Un millier d'ouvriers (manœuvres, charpentiers, …tailleurs de pierre, maçons...) travaillèrent quotidiennement sur ce difficile chantier quinécessita 160 000 m3 de terrassement et 40 000 m3 de maçonnerie.
Entièrement construit en pierre de taille, recouvert de cinq à six mètres de terre, il couvre 5 hectares de bâti sur une emprise totale de 23 hectares Son coût a été estimé à 2 millions de francs-or de l'époque, soit environ 50 millions d'Euros. Fort à batterie basse ou à massif central en site sec, il comporte dix-huit plates-formes d'artillerie lourde à ciel ouvert, épaulées à des abris-traverses, communiquant par la rue du rempart bas. Le centre est occupé par les logements et locaux casematés abritant la garnison et les services. Les fossés sont défendus à partir de quatre caponnières, protégées par des fossés diamants (fossés bordant immédiatement les ouvrages). La gorge est occupée par une batterie casematée en arc de cercle dénommée « ravelin ». Il est dépourvu d'artillerie cuirassée. Considéré trop en arrière selon les nouveaux plans de combat offensif de l'Etat-major français, le fort ne sera ni modernisé, ni bétonné. Partiellement déclassé et peu entretenu, c'est dans son état de maçonnerie d'origine, doté d'une garnison réduite et disposant d'un armement quasiment obsolète, il subira les bombardements et les assauts des troupes allemandes.
Son épisode le plus glorieux date de septembre 1914, lorsque les 450 hommes de sa garnison résistèrent aux 10 000 soldats de la Vème Armée allemande qui cherchait à encercler Verdun et à prendre à revers la 3ème Armée française pendant la Bataille de la Marne. Le Kronprinz impérial pensait faire tomber le fort de Troyon en 2 heures. La résistance héroïque de la petite garnison l'en empêcha, fidèle à la devise des éléments du 5ème Régiment d'Artillerie à Pied (RAP) affectés dans certains forts Séré de Rivières : «S'ensevelir sous les ruines du fort plutôt que de se rendre». Situé entre Verdun et Saint-Mihiel, il fut en première ligne face aux troupes allemandes durant toute la durée de la guerre et sera régulièrement bombardé, plutôt à titre préventif car elles ne cherchèrent plus à le capturer. En 1918, le fort servit de centre de tri pour les blessés américains lors de la reprise du «Saillant de Saint-Mihieb et de la Butte du Montsec.